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“J’ai mal vécu l’accouchement”



Voilà des mots qui sont posés lors des entretiens que je fais avec les familles que j’accompagne.

Parfois ils sont formulés ainsi, et c’est la raison pour laquelle on vient me consulter. Parce que les mères (parfois lès pères aussi, mais rarement) ont identifié que ce vécu est douloureux et qu’il laisse un souvenir chargé tellement négativement qu’il les empêche de s’épanouir dans leur parentalité.


Parfois on vient me trouver pour une autre raison, des soucis de sommeil, de stress, de relations conflictuelles avec leurs enfants ou même au travail.. et en questionnant un peu je découvre que ces femmes ont vécu, sur leur parcours de maternité, un événement traumatisant.

Cela est passé inaperçu, pour elles en premier.


Parce qu’être jeune maman et exténuée, ça parait normal.

Parce qu’être parent et en hypervigilance ça semble aller de paire.

Parce qu’on s’est habitué à ce que ce soit super dur, qu’on pense que c’est comme cela, et que cela ne peut pas être autrement. Et puis de toute façon, on ne peut pas refaire le match..


Voilà des mots qui ont aussi été les miens il y a bientôt 9 ans.

Ces mots, ce sont une aide-soignante à la maternité qui les a posés en premier: “Madame, je crois que vous n’avez pas tout compris ce qui s’est passé pendant votre accouchement, ça serait bien d’en reparler avec le médecin”..

J’étais à la fois dévastée, enragée, coupée d’un truc..


Je ne comprenais même pas que ce n’était pas ‘normal’ de me sentir comme cela, parce que la seule chose à laquelle j’était préparée, c’est que ça allait chambouler..

J’ai suivi ses conseils, j’ai parlé au médecin, ça n’a rien changé.

J’ai consulté la psy de l'hôpital qui m’a expliqué que ce que je traversais ça s’appelle du stress post traumatique.. Super, ça avait un nom mais ça ne changeait rien.

Maintenant, j’avais bien OFFICIELLEMENT un problème, et toujours aucune piste de changement..


La tête au fond de l’eau, le sentiment de solitude extrême, j’en chiais pour avancer, pour être la mère parfaite pour mon bébé (Holly shit!) et que MOI j’avais un problème.. Sortir la tête de l’eau a été d’une longueur infinie, je n’en voyais pas le bout.. Tout était lourd, ambivalent.. pétrie d’une fragilité et d’un amour infini pour ma fille, et me jugeant sans-cesse d’être si mauvaise pour ne pas être à la hauteur de ce que je croyais être le passage NORMAL du devenir maman..


Au détour d’une journée, certains jours, une sensation d’avoir passé le palier du dessus, d’y voir un peu plus clair..


Il aura fallu presque 3 ans

pour réaliser qu’en soirée, alors que je croisais qqun pour la première fois, j’étais capable de parler de cet épisode pourtant intime de ma vie au bout de quelques minutes seulement, de ne l’épargner d’aucun détail technique, physique ou psychologique..

En m’observant, j’ai fini par me rendre compte que c’était bizarre, déplacé, omniprésent, encore trop douloureux après tout ce temps.. Alors j’ai commencé, à pas de fourmi, à songer qu’il était peut-être temps de faire quelque chose, d’aller consulter quelqu’un.. SAUF QUE: le premier truc qui m’est venu à ce moment-là, c’est que j’allais abandonner mon bébé.


Si je me défaisais de la douleur qui était associée à notre rencontre, alors c’est comme si j’allais me défaire d’elle aussi, et ça c’était tout simplement pas possible..

Avec cette croyance là, celle qui m’empêchait d’aller chercher de l’aide pour moi, j’ai cohabité encore un bon moment, prise entre 2 feux.. Toujours lourd, mais je m’étais habituée..


C’est lors d’une séance d’hypnose, où je consultais pour un motif professionnel, que le sujet a évidemment ressurgi puissance 1000 dès les premières minutes de l’entretien. Et c’est là que j’ai découvert l’existence de 2 outils magiques: L’hypnose, et l’EMDR.

En 1 seule séance, j’ai complètement sorti la tête de l’eau.

Je me suis réconciliée avec moi-même, j’ai pris de la hauteur, compris que je n’aurais rien pu faire de mieux, de plus, de différent sur l’instant. Je me suis accordée un PARDON qui a résonné plusieurs jours après encore (littéralement, comme un mot qui tournait en boucle dans ma tête). Par la suite je n’ai plus ressenti le besoin de me répandre sur ce pan de mon histoire, c’est comme si ça c’était simplement rangé dans la boîte à souvenirs..


Je pouvais en reparler sans pleurer, je pouvais sentir mes idées plus claires, et je découvrais que je pouvais me tourner vers l’après, avancer avec mon bébé..

Plusieurs années après, lorsque j’ai souhaité bifurquer pour donner plus de sens à ma vie professionnelle, j’ai pris la branche de l’accompagnement et de l’hypnose. L’évidence était là, j’allais pouvoir aider des femmes, des enfants, des familles à sortir la tête de l’eau. Mieux, je me dis que je pouvais, à mon échelle, les outiller pour ne pas tomber dans le trou. En tout cas pour que ce trou ne se transforme pas en ravin, en ornière dont on ne sait pas comment sortir.


Bien sûr que la vie est et sera truffée de difficultés, d’accidents, de cailloux, de montagnes parfois. Mais je crois qu’il est d’utilité publique de faire savoir qu’il existe des outils fabuleux pour en sortir, et qu’il existe des outils fabuleux dont on peut s’équiper pour mieux traverser tout cela.


Vous vous reconnaissez dans ce portrait? Vous pensez à une femme qui a un vécu particulier de sa maternité? Vous souhaitez en discuter? Parlons-en.


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