Nos enfants ne nous appartiennent pas

Credit @Albin Michel Jeunesse "Mon amour" de Astrid Desbordes et Pauline Martin.

Cette page du livre "Mon amour" fait bugguer ma plus jeune fille. Et même si nous avons commencé à lire cet ouvrage il y a fort longtemps (je l'avais déjà pour sa grande soeur), ce passage suscite toujours la même réaction:

"Bah si on t'appartient, c'est toi qui nous as faites" ^^

Alors je répète la même réponse. Que je suis responsable d'elles, que je les aime très fort, mais que je ne peux pas faire ce que je veux avec elles, que je ne dispose pas de leur corps à ma guise, que je ne peux pas les ranger dans un placard pour la journée si j'ai envie et que je n'ai pas de titre de propriété. Je ne peux pas les vendre, les échanger, elles ne sont pas à ma disposition non plus.

Ni de moi, ni de personne. Un jour, ça finira bien par être intégré..

Ces derniers temps je m'informe et me questionne beaucoup (plus) sur le rapport adulte/enfant.

Notamment au travers de comptes instagram ressources, comme le très bon compte de @marioncuerq que je vous recommande! Elle y explique la vision franco-française et psychanalitique qu'on porte sur les enfants, au travers d'exemples tirés de sa longue expérience de la société suédoise et des politiques mises en place dans ce pays.

J'ai aussi regardé le très bon film d'@Evesimmonet qui s'appelle "Réinventer l'enfance" (en visionnage libre et gratuit ICI). Sujet sensible mais passé sous les radars du grand public, le sujet de l'inceste. Ou comment le sujet des violences sexuelles ne peut pas être décorrélé de la sphère familiale.. la triste récente actualité du procès de Mazan met en lumière ce phénomène, le fait que certain.e.s se sentent habilités, autorisés, à disposer du corps d'autrui. Les chiffres de l'inceste sont édifiants: 1 enfant sur 3 dans une classe.. Si les primaires avaient accès aux réseaux sociaux, eux aussi pourraient utiliser le hashtag #Metoo.

Nous rendons-nous compte? Est il possible de ne pas faire de lien entre ce qui se passe dans la constructions de nos liens, de nos rapports humains dans l'enfance et ce qui se passe dans la société?

Le cadre que nous offrons aux enfants va devenir leur modèle. Cela va construire leur "normalité", leur point de référence. C'est ce que nous apportent les avancées des études sur l'attachement.

Si nous, adultes, nous positionnons en tout-puissants, dans la méfiance plus que dans l'écoute, dans le contrôle plus que dans la confiance, si nous adultes ne tolérons pas certains actes de la part d'autres adultes, pourquoi trouve-t-on normal de les imposer comme modèles aux enfants?

Si je prends le violentomètre, qui est un support institutionnel pour apprendre aux jeunes (femmes !!) à reconnaître une situation violente afin d'agir en conséquence, et que on l'applique au champ du rapport enfant/adulte.. qu'est ce qu'on obtient? Sommes nous capables de regarder le parallèle qui se dresse entre les mécaniques des violences faites aux enfants et des violences faites aux femmes? C'est le combat que la suède a mené dans les années 70; des luttes qui ne peuvent pas être menées séparément puisque les premières mènent aux secondes.

Nous encourageons un.e adulte à dire Stop ou à demander de l'aide. Mais nous attendons des enfants qu'ils acceptent et se plient à des comportements que nous ne trouvons pas tolérables en tant qu'adulte..

Bien sûr ce NOUS est générique, bien sûr ce ne sont pas TOUS les parents, pas TOUS les hommes, pas TOUS les adultes, mais c'est pourtant bien TOUT LE MONDE qui est concerné. Parce que c'est notre société à tous.

Cela me rappelle un post que j'avais vu une fois sur l'écologie. Un mec se filmait en train de nettoyer une plage avec un sac poubelle à la main et il entendait souvent : "pourquoi ramasses tu ces déchets? Ce n'est pas toi qui les as jetés". Ce à quoi il répondait: "Ce ne sont peut-être pas mes déchets, mais c'est ma planète".

C'est notre société à tous.

L'équilibre de notre société devrait être l'affaire de tous. C'est notre présent, c'est leur avenir.

Pour envisager une société de demain plus égalitaire et plus respectueuse, commençons par nous comporter de manière moins dominante et plus respectueuse des droits et des besoins des enfants.

Vous êtes un parent et vous souhaitez être aidé pour faire bouger votre regard sur vos enfants?

Vous êtes une collectivité et souhaitez monter des projets allant dans le bon sens pour faire bouger les choses?

Parlons en! Vous pouvez m'écrire à marielaurebaudet@hypnofil.fr ou m'appeler au 07.80.97.77.28.